Histoire des Olympiades

Les origines 1950-1977 – L’opération Italie 13
Durant les années 1950-1960, les arrondissements périphériques de Paris sont marqués par le déclin de l’industrie et l’insalubrité de l’habitat. Le secteur Italie, quartier périphérique peu dense constitue l’un des lieux privilégiés de la mise en pratique des nouvelles conceptions de l’urbanisme parisien. Il est composé d’habitat pavillonnaire en grande proportion insalubre, de petites industries et d’ateliers, ainsi que de grandes emprises industrielles (usines Panhard, gare des Gobelins).

La rénovation urbaine du secteur Italie couvre un vaste territoire de quatre-vingt-sept hectares entre la Place et la Porte d’Italie, comprenant l’ancienne gare des Gobelins (site des Olympiades).
La rénovation de ces îlots ne constitue pas un simple assainissement des immeubles mais une réorganisation dans l’esprit de la Charte d’Athènes*(apport d’air et de lumière dans la ville, division fonctionnelle des espaces).

Le projet d’un axe Nord-Sud de la Porte d’Aubervilliers jusqu’à la Porte d’Italie oriente la composition urbaine.
L’opération Italie 13 prévoit de construire 16 400 logements ainsi que des commerces, bureaux et équipements.
La hauteur des tours (une centaine de mètres de haut), déroge aux règles établies à Paris tout en conservant le principe haussmannien d’un plafond homogène.

La rénovation urbaine du secteur Italie est concédée au secteur privé. Ce passage de relais du public au privé constitue une première dans l’histoire urbaine parisienne. Des capitaux privés sont mobilisés pour rénover les îlots insalubres.

En 1964, un groupement de constructeurs s’organise pour financer les études, les enquêtes et l’établissement du plan d’urbanisme. La mise en place de ce montage juridique et financier marque la naissance des Olympiades.
En 1965, les études sont confiées à l’Atelier de Rénovation Urbaine (Albert Ascher, urbaniste et Michel Holley, architecte) qui détermine les principes de composition urbaine. Le plan d’urbanisme est définitivement approuvé en Juillet 1969.
La dalle des Olympiades, régulièrement assimilée à une île dans le 13ème arrondissement est néanmoins projetée dans les années 1960 comme la pièce d’un puzzle de dalles érigeant 55 tours et s’inscrivant dans la modernité caractéristique de la rénovation urbaine du secteur Italie*.

Les Olympiades, projet et réalisation
Le quartier des Olympiades constitue l’une des premières opérations lancées dans le secteur Italie 13, sur l’îlot de la gare des Gobelins.
Le terrain, d’une superficie de 77827m² est occupé à 75% par la gare de marchandises, dernière gare parisienne à être raccordée à la petite ceinture, qui ouvre ses portes au début du 20ème siècle.
Le montage juridique et financier de l’opération se révèle particulièrement complexe. Le programme immobilier de l’opération comprend des immeubles de logement privé, de logement ILN (Immeuble à Loyer Normal), de logement HLM (Habitation à Loyer Modéré), ainsi que des commerces, des bureaux et des équipements.
L’opération est portée par un partenariat associant la SNCF, propriétaire du terrain, l’Office Public HLM de la Ville de Paris et la Banque Rothschild qui apporte des capitaux privés.

La construction des immeubles sur le domaine public ferroviaire fixe leur appartenance juridique à un même ensemble immobilier. La Tour Tokyo, construite sur les terrains de propriétaires privés, en est exclue, bien qu’incluse dans le plan masse d’origine des Olympiades.
En périphérie du terrain, la propriété des sols est morcelée, notamment sur les façades est et ouest. Les constructions existantes, récentes pour la plupart, sont conservées dans la mesure de leur bon état (immeubles de l’OPHLM de la ville de Paris, immeuble de la Sablière, de même que le groupe scolaire de la rue Baudricourt, plus ancien).
Les petites maisons au sud-est du terrain ne seront jamais expropriées, et les tours Melbourne et Los Angeles, initialement prévues, ne seront pas réalisées.
Le chantier de l’îlot des Olympiades commence en février1970 sous la direction de l’architecte en chef, Michel Holley.

L’originalité des Olympiades s’exprime d’abord dans la mixité fonctionnelle, associant bureaux, équipements, logements privés, logements sociaux et la gare.
Les équipements constituent avec les commerces de hauts lieux de sociabilité sur la dalle. Une crèche, une école et le Stadium sont réalisés. Inauguré le 30 septembre 1976 par un concert de Claude Nougaro, le Stadium comporte une patinoire avec piste synthétique en polycarbonate (Makrolon) permettant une polyvalence d’usage et l’accueil régulier de spectacles musicaux, une piscine de 10 mètres sur 14 mètres, un practice de golf, une salle de billard, des salles de sport (arts martiaux, boxe, danse…), un bowling de quinze pistes avec bar, un bar dit «Bar Totem» ainsi qu’une pizzeria*.

L’originalité des Olympiades s’exprime aussi dans la variation des expressions architecturales : les tours de logements privés aux façades en béton sculpté, les barres de logements sociaux marquées par l’horizontalité des bandeaux d’allèges, les tours ILN au contraire exprimant leur verticalité au moyen de bandeaux verticaux et les pagodes avant même l’arrivée des Asiatiques aux Olympiades.
Un troisième facteur d’originalité de l’opération réside dans la mixité sociale liée à la répartition des différents types de logements (HLM, ILN, privé).

En 1975, la réalisation de l’opération Italie 13 est officiellement stoppée par le gouvernement. Dernière construite, la tour Helsinki a été livrée en 1977.

SOURCES : ATLAS DES OLYMPIADES – ASLO – V4 Juillet 2017 – Les données historiques mentionnées dans l’ensemble de l’étude sont principalement tirées de l’ouvrage « Les Olympiades Paris XIIIe, une modernité contemporaine », Françoise Moiroux, hors-série n°564 de la revue Connaissance des arts, co-édition Pavillon de l’Arsenal, 1er trimestre 2013.
• La charte d’Athènes a constitué l’aboutissement du IVe Congrès international d’architecture moderne (CIAM), tenu lors d’un voyage maritime entre Marseille et Athènes en 1933 sous l’égide de Le Corbusier.